Laure Adebayo

Ma tante m'a prénommée Achakè (enfant choisie pour être choyée). Ma mère m'a donné le prénom de Adebayo (celle qui vient trouver la joie). Mon grand-oncle (le mari de ma tante) que j'aimais beaucoup et qui a établi mon extrait de naissance m'a donné le prénom Laure.

Mes prénoms sont Laure, Adebayo, Abebi, Achakè. Ma famille appartient à la collectivité Madjè Morodji d'attakè, un quartier de Porto-Novo, capitale administrative du Bénin (Afrique de l'Ouest).

Je suis née le 4 juillet 1949 à Athiémé, une ville de la province du Mono, une province du Dahomey, actuellement République du Bénin. Je me suis mariée à 35 ans. Le Tout Puissant m'a donné des enfants adorables, malgré mon âge avancé. Je lui rends grâce.

J'ai un seul frère utérin : Machoudi, et plusieurs frères et sœurs consanguins : Mamoudou, Koudriath, Alimath, Ibath, Issiac Hervé, Nouredine, Ismaël, Sylviane, Djarin, Pierre, Justin, Clémentine. Certains frères et sœurs sont en Europe (France, Belgique, Grèce), d'autres en Afrique (Sénégal, Côte-d'Ivoire, Bénin). J'ai un cousin que j'apprécie beaucoup : il est architecte, il s'appelle Gratien.

Un fait m'a beaucoup marquée dans mon enfance : c'est l'absence de mes parents biologiques. Je n'ai pas eu la joie et le bonheur de les voir vivre ensemble. Je n'avais que quelques mois quand ils se sont séparés, m'avait confié ma mère. Leur affection m'a beaucoupmanquée. Je me cachais souvent pour pleurer.


Mon père était médecin africain et résidait à Bangui (Tchad) où il avait été affecté. Je n'ai vraiment connu mon père qu'à l'âge de 8 ans. Quant à ma mère, je la voyais très peu. Elle s'était remariée et faisait son commerce dans la province du Mono. Quand elle partait, elle me disait en langue yorouba : « D'ici trois jours, je reviendrai ». Je me mettais à compter les jours...Les trois jours pouvaient durer trois mois.

Ma mère était une belle femme métissée, « de peau très claire », comme on le dit chez nous. Un jour, de retour de l'école (je devais avoir sept ou huit ans), j'ai vu, de derrière, une femme très claire baissée dans la cour de la maison. Je l'ai prise pour ma mère et je me suis jetée sur elle. Quand j'ai vu que ce n'était pas ma mère, je me suis mise à pleurer. La pauvre dame ne savait pas pourquoi je pleurais.

Je vivais auprès de mon arrière-grand-mère, mon ailleule qui me choyait. Elle était à mes petits soins. Je ne manquais de rien, mais malgré cela, l'affection de mes parents me manquait...


Un autre fait marquant de mon enfance, c'est la période des grandes vacances scolaires. Ma mère venait m'emmener les passer auprès d'elle et de mes demi-frères et soeurs. J'aimais bien cette période. On allait dans plusieurs villages où elle faisait son commerce. Elle vivait à Athiémé. Les dimanches, on allait laver nos linges dans le fleuve Mono. On se lavait aussi dedans et on ramenait de l'eau dans les jarres à la maison pour la cuisine et pour la consommer. On n'avait pas l'eau courante. C'est l'eau du fleuve qu'on buvait en ce temps-là. Malgré
cela, on se portait à merveille.


Quelques autres souvenirs marquants : quelques jours avant la fête du Ramadan, une tante voulait m'acheter des chaussures neuves importées dans une boutique, mais j'ai refusé d'y entrer parce que j'ai vu quelque chose tourner au plafond, j'avais peur qu'il tombe et me coupe la tête. C'est la première fois que je voyais un brasseur d'air.


Un soir, un oncle nous avait emmenées, mes cousines et moi voir un film dans une salle en plein air sur écran géant, titre du film : « Samson et Dalida ou la vengeance d'une femme ». J'étais terrifiée par les scènes, par ce que je voyais à l'écran. J'ai eu envie d'uriner. Mon oncle me dit qu'on doit passer derrière l'écran pour se soulager. J'ai dit : « jamais, ceux qui sont derrière l'écran vont me tuer! ». Tout
le monde riait autour de moi. Je me demandais pourquoi il riait, car je n'avais rien dit de drôle...

Quand j'étais enfant, je rêvais d'être institutrice (titulaire à l'école primaire). Mes grands frères et sœurs m'appelaient : « Institutrice Florence ».

Après l'entrée en 6ème, j'ai été classée au cours de secondaire protestant à Cotonou. Mon père m'a mise en pension. Après la 2ème année, j'ai continué en tant que pensionnaire au Lycée Toffa 1er de jeunes filles à Porto-Novo jusqu'en classe de 1ère D (Cégep). Recalée à l'examen probatoire avec une bonne moyenne, mon père m'a envoyé à Bordeaux (France) pour la classe de Terminale S (D.E.C
scientifique), l'examen probatoire étant supprimé en France. J'ai donc eu mon Baccalauréat au Lycée Montaigne à Bordeaux. Je me suis inscrite à la Faculté de Médecine et de Pharmacie, Place de la Victoire à Bordeaux pour étudier en Pharmacie. J'ai eu mon diplôme de pharmacie en 1977, option biologie. Je devais passer 4 certificats pour avoir le titre de pharmacienne biologiste, mais j'ai préféré faire l'officine.

J'aimais la lecture. J'ai lu quelques romans de Victor Hugo tels que Les Misérables. J'ai lu également Katia, le démon bleu, d'Alexandre Tsar.

Mes musiques préférées sont en yorouba : Sony Ade, Femi Kouty, Abeni. En fon : Dena Gan. En français : Charles Aznavour, Michele Torr, Nana Mouskouri et Mireille Mathieu.

Mes couleurs préférées sont le marron et le blanc.

Mon plat préféré est le Moyo akan okoun que me préparait mon ailleule. C'est un plat à base de très gros crabes avec des tomates, du piment, de l'oignon et le gari. Mon dessert préféré c'est le flan au café.

Mon odeur préférée est l'odeur de la fleur de jasmin.