Djin Villiers

Enfant, je m'appelais Jeanine Rikh, mais j'aimais pas mon prénom. En Inde, ma famille et mes amis proches m'appelaient Tocoo. Quand je suis arrivée en Angleterre avec ma mère et mon beau père, j'avais une gouvernante irlandaise qui m'aimait beaucoup et qui m'a surnommée Djini. C'est ce surnom que j'ai gardé. Quand je me suis mariée avec ton grand-père (François Villiers), on m'appela désormais Djin Villiers.

Je suis née le 19 avril 1931 à Hamirpur, en Inde.

J'avais un frère Rollo Rihk, né en 1929 et Robin Baypai (demi-frère), né en 1945, mort à 23 ans d'un cancer. Je m'en suis occupée comme si c'était mon fils.

Mon père était un prince indien, il s'appelait Raj Kumar Lionel Rikh Singh. Il était le chef de police du village (Bedao), mais aussi de tout le district de l'Uttar Pradesh.
On habitait dans une grande maison sans étage, avec beaucoup de domestiques. Notre villa était entourée d'une véranda à colonnades, pour donner plus de fraicheur. Le soir, mon père y prenait ses deux whisky-soda quotidien, à côté de ma mère qui buvait un « nimbupani » (un jus de citron vert).


Sur le devant de la villa, un porche prolongeait Ia véranda, pour que l'on puisse descendre de voiture sans s'exposer au soleil. Il y avait ungrand jardin entouré d'un haut mur, et une allée de gravier reliait le porche au portail (gardé par des policiers). Je n'ai aucun souvenir de moments de tendresse physique avec ma mère. D'ailleurs, ce n'était pas mère qui nous élevait et nous câlinait, mais mon ayah (gouvernante, nounou) et ma tante (la petite sœur de ma mère). Je me souviendrai toujours du drame causé par l'amour passionné de ma mère et du juge du district (M. Mehta).

Comment ce petit homme tout rond, qui me semblait très laid, a-t-il réussi à rendre ma mère follement amoureuse de lui jusqu'au dernier jour de sa vie, à lui faire quitter mon père, qui était la beauté sur terre, et ses deux enfants! La dernière vision que je garde d'elle est, sur la véranda, assise dans un rocking-chair. Ma mère avait un air triste, car elle savait qu'elle ne reverrait pas ses enfants. J'avais trois ans et c'est la dernière fois que je la voyais, avant mes 10 ans... Trois mois après que ma mère l'ait quitté, mon père a renvoyé ma grand-mère maternelle. Je n'ai revu ma grand-mère qu'à la mort de ma tante !!! Ma tante est morte à l'âge de 22 ans de la tuberculose... Je n'ai jamais su pourquoi ma mère était partie. Lorsque je l'ai revue, à l'âge de 10 ans, elle m'a présenté son « nouveau » mari et c'est là que j'ai tout compris...

Enfant, je rêvais d'être actrice, chanteuse ou danseuse. J'ai appris la danse indienne quand j'avais 10 ans jusqu'à mes 14 ans. J'ai dansé avec ma cousine dans un théâtre pour gagner de l'argent et le donner aux soldats (pendant la guerre).

On a eu une gouvernante qui nous donnait des cours à la maison (de six à neuf ans). J'ai été à l'école tenue par les Sœurs de 10 ans à 14 ans. Quand j'ai quitté mon pays, je suis partie à Londres avec ma mère, puis à Genève et à Paris. Puis, j'ai suivi des cours à la Sorbonne (en formation continue) à Paris. Je suis tombée enceinte, rapidement après avoir rencontré ton grand-père sur un plateau de tournage à Paris, à l'âge de 17 ans. J'ai laissé tomber mes projets de devenir actrice après une discussion avec ton grand-père qui m'a expliqué les sacrifices qu'implique le métier de comédien et que, si je voulais avoir une carrière d'actrice, je ne pourrais pas avoir une vie de famille.

Mes activités de loisir préférés sont le cheval en Inde : mon père m'a offert un poney à l'âge de trois ans; et le ski en France, j'en faisais chaque hiver et j'emmenais mes enfants aussi.

Ma chanson préférée est Ebony and Ivory de Paul McCartney, je suis une fan des Beatles.

Ma couleur préférée est l'ocre.

Mon plat préféré est le curry d'agneau et mon dessert préféré, le Gulab Jamun, un des desserts les plus populaires de l'Inde. C'est fait à base de semoule de blé et de Koya (lait concentré) frites dans l'huile et trempées dans du sirop de sucre parfumé à la rose, à la cardamone et au safran...

L'odeur de la nature est mon odeur préférée. Celle des pins, quand on marche dans la forêt.